Retour aux sources…

Je vous conseille fortement, me dit Gandhi dès l’abord, de mettre de côté tout travail de clerc et de vous donner à faire avec vos mains.

Lanza del vasto,
le pélerinage aux sources

Titulaire d’un Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP) et d’un Brevet des Métiers d’Arts (BMA) en ébénisterie, et après avoir passé une dizaine d’années à tout autre chose, je décide de reprendre le travail du bois et m’installe comme tourneur sur bois en janvier 2023 au Moulin des Artisans à Genillé (sud de la Touraine).

Ces ateliers partagés ont été créés par des amis, Foucauld et Pauline de Saint-Albin, dans l’objectif de permettre à des artisans de divers corps de métiers et à des artistes en tous genres de travailler dans un même lieu, créant par là-même une émulation créative, un partage des savoirs et éventuellement des outils, une convivialité dans le travail pour des personnes travaillant sinon souvent dans la solitude de leurs ateliers.

Cette installation au Moulin a été déterminante pour moi, car je craignais beaucoup de reprendre le travail du bois après tant d’années d’autre chose, et les conseils et coups de mains des autres artisans (dont quatre travaillaient le bois à mon arrivée – ébénisterie, sculpture, menuiserie, marqueterie) ont été un soutien inestimable pour reprendre confiance ! De plus, j’ai pu profiter de machines déjà sur place pour me relancer sans trop d’investissements.

A la fin du mois d’août, c’est donc fort de cette expérience et de cette confiance retrouvée que j’ai pu repartir sereinement installer mon atelier à Bordeaux et investir dans de superbes machines et outils, me permettant d’être vraiment indépendant après quelques mois de remise en selle.

Le Moulin des Artisans continue sans nous (mon épouse y travaillait également comme céramiste !) et recherche aujourd’hui deux locataires de surfaces d’ateliers, n’hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressé !

L’équipe des artisans du Moulin début 2023

Durant cette première année de reprise, j’expérimente différents types de pièces (assiettes, saladiers et bols, gobelets, stylos en tous genres, toupies, soliflores…), j’élargis le champ des possibles en ajoutant les productions de pièces chantournées (puzzles, crèches). Il m’arrive aussi de répondre à des commandes (service d’assiettes, pieds de pianoforte, manche d’une ancienne poêle en cuivre, bougeoirs et chandeliers…). A l’approche de Noël, je produis une gamme de planches à découper en chêne et noyer.

A l’approche de Noël 2023

D’abord en Touraine, puis à Bordeaux, j’utilise pour beaucoup des chutes destinées à la benne ou au feu. Cela me donne l’occasion de travailler parfois des bois exotiques (essentiellement pour les stylos, nécessitant peu de matière). Mais lorsque je dois acheter du bois, je me limite à des essences locales françaises, car je ne souhaite pas favoriser l’exploitation et le transport de bois exotiques alors même que nous avons tellement d’essences magnifiques proches de chez nous !

J’envisage l’année 2024 comme une année d’approfondissement, de formation, de pérennisation de ce que j’ai mis en place lors de cette première année. Techniquement, je perçois de manière assez précise mes lieux de progression possible, et j’aimerais aller chercher le savoir chez d’autres tourneurs plus expérimentés. J’aimerais gagner en précision et en rapidité, savoir exploiter toutes les possibilités qu’offrent les outils que je possède. Je dois également progresser dans ma « stratégie de vente » (terme barbare qu’il me faut assumer si je veux pouvoir vivre de mon travail).

Bien sûr, j’espère aussi trouver de nouvelles pièces à produire, et suis assez tenté d’aller voir du côté de la sculpture sur bois : pourquoi pas de beaux couverts avec vos assiettes et saladiers ?

Sur un marché de Noël