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Quelle différence entre votre bistrot et le PMU du coin ?
Sur l’apparence déjà : on a souhaité travailler une esthétique bois, matériaux recyclés pour faire une ambiance chaleureuse, qui soit et bretonne et Ch’ti, puisqu’on trouvait ces deux origines dans les fondateurs du projet.
Egalement sur les produits qu’on peut y trouver : dans la majorité des bistrots français, on retrouve plus ou moins les mêmes produits, les mêmes bières, les mêmes sodas, etc. Nous avons souhaité travailler une dimension plus locale, avec notamment la bière qui est produite dans notre cave, et qui est pour le moment la seule à être servie au comptoir. Et si on a besoin de dépannage à un moment donné, on va chez les brasseurs du coin. Nous sommes en train de réfléchir à avoir une « bière tournante », pour mettre à l’honneur tous les mois la bière d’un brasseur voisin, en lien avec d’autres bistrots. Pour les softs, nous avons une partie en production locale et l’autre en bio-équitable.
Une autre différence majeure est qu’on a voulu créer un espace culturel en lien avec le bistrot : concerts, théâtre, projections, débats, expositions. On trouve peu, et même pas du tout ça dans les PMU. En tout cas, je n’en connais pas, et pourtant j’en ai fait quelques-uns ! (rires)
Le PMU est sur un créneau bien particulier qui est celui du jeu, et en particulier avec les chevaux.
Le bar, espace de consommation ou de lien social ?
Les deux ! Evidemment social puisque par exemple, en arrivant dans une commune, beaucoup de gens font la démarche d’aller dans un bistrot pour rencontrer du monde.
Et puis consommation, puisque ça fait partie du mode de vie de beaucoup de personnes d’aller au bistrot, le soir après le boulot ou en fin de semaine.
Particulièrement chez nous, c’est particulier parce qu’on a pas mal de gens qui viennent faire leurs courses et qui jettent ensuite un coup d’œil au bar pour voir s’il y a des copains, boire un café ou un verre de vin.
Donc voilà, il y a les deux !
Quel type de clientèle avez-vous ? Plutôt des jeunes altermondialistes ou des vieux paysans locaux ?
Comme je disais tout à l’heure, nous avons décidé de ne pas être lieu fermé et nous nous sommes installés à Augan puisque la mentalité y est très ouverte. De ce fait, nous brassons un public hyper large, du militant anti-OGM au chasseur, du pro-FN au gauchiste, de la petite mamie du coin à la jeune ménagère, de l’ouvrier au paysan, etc. Je serais curieux d’avoir une espèce de camembert avec les différentes sociologies parce que je crois qu’il serait bien partagé.
On a d’autres bistrots semblables au nôtre dans le pays où un gars encarté FN ne peut pas mettre les pieds. Chez nous, il y a la possibilité de venir boire quand même.
Ça peut faire des débats sympas !
Ça peut, oui ! Et puis on reste un commerce où on peut se dire aussi que la vocation d’un épicier n’est pas de faire de la politique. Ce qui ne nous empêche pas dire « Je pense comme ça et j’aimerais bien que tu penses pareil ! ». Mais ce n’est pas le but.
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