Travaillant régulièrement au service de la construction de l’église du monastère orthodoxe de Solan, Félix, graveur sur pierre, a accepté de répondre à quelques questions.
Comment as-tu découvert ce lieu ? Ton regard a-t-il évolué depuis ton premier passage ?
Je suis arrivé ici pour la première fois lors de ma formation, pour passer cinq jours sur place avec l’école. Nous étions alors entre nous, je n’ai donc pas eu à ce moment-là d’appréhension spéciale. A la fin de ce premier séjour, le père Théotokis m’a proposé de revenir seul, ce que j’ai accepté. Je me suis alors confronté à mes craintes ! La solitude et l’idée que je me faisais d’une certaine austérité monastique en faisaient partie. Mais je me suis vite rendu compte, en découvrant le monde orthodoxe et la communauté, que finalement on se marrait bien !
Tu me dis être agnostique. Comment envisages-tu ta participation à la vie d’une communauté religieuse ?
Je suis ici pour rendre service en fournissant un travail, pas pour une retraite spirituelle. Ma relation à la communauté est d’abord d’ordre professionnel, même si des liens plus personnels se sont créés avec le temps.
Mon métier m’amène à connaître toutes les religions, pour pouvoir en saisir les symboles et les retranscrire correctement dans mon travail, mais cela n’a pas d’incidence sur mes convictions personnelles. Heureusement d’ailleurs, sinon je ne m’en sortirais pas !
Bien sûr, à force d’évoluer dans des contextes religieux, mes connaissances et ma pensée évoluent en même temps que je prends de l’assurance dans mon travail.
En quoi consiste ton travail ici ?
Techniquement, je réalise les bas-reliefs dessinés par le père pour la future église du monastère. Au niveau du style, cela m’a amené à découvrir puis approfondir le style roman byzantin, puisque c’est un style que l’on trouve très peu en France.
Quelle est la part d’innovation dans un savoir aussi traditionnel que le tien ?
Certains outils modernes comme les pneumatiques nous permettent de gagner du temps dans notre travail mais pour l’essentiel, il n’y a pas vraiment eu d’évolution dans la manière de travailler par rapport à nos ancêtres. Qui plus est, le style imposé ici ne permet pas vraiment d’innovations.
Penses-tu continuer à venir au monastère lorsque l’église sera terminée ?
Bien sûr, je suis très attaché à ce petit coin de paradis ! Venir ici permet de se reposer, se ressourcer, car on n’a pas toutes les perturbations extérieures habituelles : la peur de la mauvaise nouvelle au courrier, la sur-connexion permanente, le bruit, tout cela reste à la porte du monastère ! C’est amusant parce que quand je suis ici, je bosse beaucoup plus que chez moi et pourtant, je suis bien plus reposé.
Et puis il y aura d’autres travaux à réaliser après l’église, le père Théotokis a encore bien d’autres projets. Quoiqu’il arrive, il y aura toujours quelque chose à faire ! Si ce n’est pas la pierre, ce sera de donner un coup de main au jardin.
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Une phrase m’a interpellée: « quand je suis ici, je bosse beaucoup plus que chez moi et pourtant, je suis bien plus reposé. »
Merci beaucoup pour cette interview!
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