Cet entretien est un apport à cet article.


Pouvez-vous me raconter l’histoire de la communauté ?

A l’origine, la communauté était une congrégation fondée par une sœur apostolique dominicaine dans les années 40. L’inspiration de cette sœur était que ne pouvaient entrer dans une vie contemplative que des personnes en bonne santé, puisque c’était avant le concile et qu’il y avait le lever de nuit, le grand jeûne et un certain nombre de règles qui faisaient que les petites santés ne pouvaient pas suivre le rythme. Or elle pensait que ces personnes de petite santé pouvaient avoir une vocation contemplative. Elle a donc fondé cette congrégation entièrement contemplative – c’est-à-dire sans apostolat – adaptée à ces personnes, sans le lever de nuit et le grand jeûne par exemple.

Il y a donc eu assez vite quatre ou cinq petites communautés en France, chacune sur son propre lieu. Puis elles ont eu l’idée de se rassembler en se disant que ce serait plus simple, pour la liturgie et la vie communautaire notamment, et ce rassemblement s’est fait ici, à Taulignan, en 1956.

Quelques années plus tard a eu lieu le concile Vatican II, qui a supprimé le grand jeûne et le lever de nuit notamment, ce qui fait que nous sommes devenues des moniales « à part entière ».

Dans les années 70, nous étions pas loin de cinquante. Une des sœurs a alors reçu un appel pour une fondation en Afrique. Il y avait eu une autre tentative auparavant, qui n’avait pas fonctionné, et quelques sœurs africaines étaient venues à Taulignan. Touchée, cette moniale – qui est aujourd’hui notre doyenne – est alors partie au Bouroundi avec une autre sœur pour prospecter et a fondé une nouvelle communauté. Il est important pour une communauté monastique d’avoir un lieu de fondation, cela fait partie de nos missions.

Cette fondation a très bien marché et, bien qu’elle soit reconnue aujourd’hui comme monastère indépendant, nous sommes toujours en contacts réguliers. Petit à petit, toutes les sœurs étaient africaines, et les fondatrices sont revenues ici. Aujourd’hui, ce monastère recrute tellement bien qu’une autre fondation a vu le jour au Bénin !

Depuis la fondation, il y a toujours eu des moniales à Taulignan ?

Oui, depuis 1956. Mais même avant, ces bâtiments ont toujours été occupés par des religieux !

Au départ, à la fin du XIXe siècle, c’était une magnanerie – à l’époque des grands soyeux de Lyon – tenue par des religieuses qui allaient chercher des orphelines à Lyon pour qu’elles ne soient pas livrées à la rue et à elles-mêmes, et leur apprenaient une partie du travail de la soie, ce qui fait que les filles, plus âgées, pouvaient repartir avec un métier.

Après cela, les lieux ont été occupés par des religieux, les Chanoines Réguliers de l’Immaculée Conception, avant que nous arrivions.

Il y a toujours eu la prière en ces lieux, et c’est très fort pour nous !

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Vue sur le monastère

D’où sont parties votre réflexion puis votre conversion à l’écologie ?

Le bio était déjà dans l’air et notre vie est une vie sobre, donc en quelque sorte, nous avions beaucoup d’acquis ! L’idée de la limite, on l’a : nous avons des vœux qui nous limitent, nous avons une limite territoriale avec la clôture, etc. Donc ce sont des éléments à intégrer qui pour nous font partie de l’appel.

J’ai toujours eu la profonde intuition – qui s’avère d’ailleurs aujourd’hui – que si on ne respecte pas la terre, on ne respecte pas l’Homme, et que si on ne respecte pas l’Homme, on ne respecte pas Dieu. Tout est lié ! Et je suis très heureuse de voir que le pape dit la même chose que moi ! (rires) J’ai été, grâce à mes trois années d’ermitage, très en contact avec la nature, et très ouverte et sensible à cela. Donc cette question me travaillait depuis un moment. Pour la mise en pratique, cela a finalement été un concours de circonstances – mais rien n’est dû au hasard !

Il se trouvait que nous avions du terrain en fermage où poussaient du lavandin et des vignes. Un jour, le fermier qui s’occupait des vignes a rendu son bail, du jour au lendemain. Aucune de nous ne connaissait l’agriculture, nous étions toutes des filles de la ville. Nous étions donc un peu comme des poules devant un couteau ! (rires) Comme nous avions de bons rapports avec nos voisins agriculteurs, nous avons fait appel à eux pour nous conseiller, et nous avons décidé de faire les vendanges de l’année avec leur aide, pour commencer. Nous nous sommes alors aperçues que le fermier avait complètement négligé ses vignes, qu’elles étaient très vieilles et qu’il n’avait même pas fait les vendanges précédentes – ce que nous n’avions même pas remarqué, c’est dire à quel point nous ne nous y intéressions pas ! En plus de ça, il utilisait des pesticides et autres intrants chimiques à pleins tubes. Le bilan n’était vraiment pas glorieux.

A ce moment-là, vers 2007, une crise viticole a frappé la région, et des primes étaient données pour arracher les vignes. Nous nous sommes dit que ce n’était pas vraiment le moment pour replanter et j’ai demandé une prime pour arracher – nous ne l’avons pas eu, ce qui était normal parce que c’était vraiment très petit. Il se trouve qu’à ce moment-là, les deux sœurs qui s’occupaient de notre atelier de reliure sont parties dans un autre monastère. La reliure étant un travail magnifique, mais qui nécessite des compétences que nous n’avions pas, et la communauté aspirant à un travail peut-être plus simple mais communautaire, où toutes les sœurs puissent participer, nous avons fermé l’atelier. Il existe dans l’organisme qui gère les moniales un petit secteur pour celles qui cherchent du travail, donc nous avons cherché du travail pendant un an, j’ai écrit des lettres dans toute la France pour proposer une sous-traitance. Nous nous étions données une année, pendant laquelle nous avions juste l’accueil pour nous occuper et faire vivoter la communauté – nous étions toujours dans le rouge, donc un peu plus ou un peu moins, nous n’étions plus à ça près… La sœur qui nous épaulait et qui était d’origine agricole a fini par me dire un jour : « Mais vous avez des terres, pourquoi ne feriez-vous pas des plantes aromatiques pour les tisanes ? Vous les feriez en bio, puisque l’Eglise n’est pas encore lancée là-dedans. ». Moi, il me suffisait d’entendre ça pour que ça démarre ! J’en ai alors parlé à la communauté, et ce qui est extraordinaire, c’est qu’il a été voté à l’unanimité de tenter le projet.

Nous avons alors été tout de suite très bien conseillées, puisque le frère d’un ami dominicain nous a demandé : « Connaissez-vous les sœurs orthodoxes de Solan ? Pierre Rabhi travaille avec elles, vous devriez faire leur connaissance ! ». Je suis donc allée à la Journée de Prière pour la Sauvegarde de la Création à Solan où j’ai rencontré Pierre Rabhi. Je lui ai raconté notre histoire – c’était à l’époque où on l’avait directement au bout du fil en appelant – et il a tout de suite dit que ça l’intéressait, car il croit beaucoup à l’impact des monastères dans la conversion écologique des chrétiens. Je lui ai alors proposé de venir voir nos terres pour nous donner son avis. Et il est venu deux fois. Il n’y avait rien du tout à cette époque, c’était un terrain nu. Mais je me souviendrai toujours de cette phrase : « Vous savez, je pense que ça peut être un petit paradis ! ». Il nous a énormément encouragées et, au sens propre, éveillées ! Quand nous l’avons emmené dans le petit bois au-dessus du monastère, il nous a dit qu’il était rempli de romarin. « Ah bon ? Ah oui, c’est vrai tiens ! ». Nous savions bien qu’il y avait du romarin, mais nous n’en faisions rien, si ce n’est de venir en cueillir trois brins le jour où l’envie nous prenait de boire une tisane. Tout est finalement parti de Pierre Rabhi nous faisant découvrir ce romarin et nous disant : « S’il pousse là, vous allez pouvoir en planter à côté. ». Il nous a éveillées à regarder ce qu’il y avait déjà comme plantes sur notre terrain, ce que nous n’avions même pas pensé à faire : du romarin, du thym, de la mélisse, de la camomille, tout cela à l’état sauvage. Nous allions de découverte en découverte, c’était magnifique ! C’est là qu’on voit que l’écologie est d’abord une question de regard. Et pour nous, cela a aussi été une expérience, nous nous disions : « Nous avons écrit à travers la France entière pour trouver du travail, et en fin de compte, le Seigneur nous l’a donné ici. Il n’y avait qu’à regarder ! ».

Les agriculteurs voisins nous ont eux conseillé de prendre contact avec la Chambre d’agriculture, ce que nous avons fait tout de suite. Un technicien spécialisé en plantes aromatiques bio nous a alors pris en charge et nous avons été admirablement conseillées, alors que nous n’y connaissions absolument rien ! Nous savions que les terres où il y avait eu les vignes avaient reçues beaucoup de pesticides, donc il nous a bien conseillées là-dessus. Et il nous a tout de suite dit de prendre la certification bio parce qu’il y avait à l’inverse des terres comme le petit bois qui étaient totalement préservées de la chimie. Il nous a également conseillées de prendre une marque.

Notre idée, dès le départ et dans une logique écologique, a été de faire ce que nous pouvions avec ce que nous avions. C’était un peu la différence avec les agriculteurs des alentours qui nous disaient que nous allions ensuite nous étendre ; nous leur répondions que non, nous resterions à l’échelle où nous étions déjà. Ils avaient du mal à le comprendre, mais ils nous ont malgré tout très bien conseillées et soutenues, et ils se sont montrés très disponibles. Parce que nous n’avions rien, pas de matériel, et il fallait tout de même un bon travail de la terre au départ, car elle était très compactée.

Ce qui est extraordinaire, c’est qu’ils nous regardaient avec des yeux ronds, parce que des femmes, moniales qui plus est, qui n’y connaissaient rien, il fallait quand même le faire ! (rires) Ils disaient d’ailleurs : « Soit elles ont la foi, soit elles sont folles ! ».

Cela va très bien ensemble !

Ça peut aller ensemble, oui, largement ! (rires) Il s’est également trouvé, à ce moment-là – c’est la conjonction de plein de choses, qu’on en a parlé à notre évêque, qui s’occupe beaucoup de ses communautés religieuses. C’était lors d’une réunion qu’il organise deux fois par an pour rassembler les prieures et les mères abbesses de son diocèse, ce qui est très sympathique. Chacun partage avec les autres les nouvelles de sa communauté, c’est très fraternel. Et l’évêque nous raconte alors qu’il est allé je ne sais plus trop où, dans la montagne, et qu’il a rencontré des gens un peu étranges, qui embrassaient les arbres et qui faisaient pousser des trucs… Je me suis dit : « Oulalah, que va-t-il se passer quand je vais arriver avec mes histoires de petites plantes ! ». (rires) Je n’en menait pas large, mais j’ai exposé notre projet de planter des plantes pour faire de la tisane en bio. Il m’a pris mon cahier d’un coup en me disant : « J’ai un neveu qui travaille chez Sanoflore, je vous donne le téléphone ! ». A la fin de la réunion, il me dit : « Si vous voulez, on va lui téléphoner ensemble tout de suite ! ». Et il nous a toujours énormément aidées et soutenues.

Alors au début, nous avons fait un gros travail sur la terre, et spécialement sur les terres des vignes qui ont eues trois ans de conversion parce qu’elles étaient complètement mortes. Ça a été une expérience très forte pour moi de prendre de la terre et de voir qu’elle ne sentait rien… J’ai eu un sentiment de mort, physiquement !

Alors bon, nous sommes dominicaines et nous avons une tradition d’étude ! Et donc nous nous sommes dit communautairement que nous devions rendre compte de notre démarche de conversion en quelque sorte, en expliquer les raisons. J’en ai alors parlé à l’évêque et à un frère dominicain qui me dit : « J’ai un assistant qui est en train de faire une thèse sur la Création continuée, il pourrait s’initier chez vous à donner des cours, ça lui ferait un public sympa et bienveillant et pour vous un enseignement ! ». Et l’évêque, lui, me parle d’un jeune qu’il avait envoyé à Toronto pour justement travailler les questions d’écologie : c’était le même [Fabien Revol, NDLR]. Et donc le soir-même, j’ai téléphoné à Fabien et pendant un an, il est venu trois jours par trimestre pour nous donner des cours sur l’écologie, la théologie de la Création, pour que nous puissions rendre compte que notre projet n’était pas juste un truc sympa avec des plantes qui sentent bon, qu’il y avait un vrai enjeu.

Dès le début, nous avons eu l’intuition que cet enjeu était la responsabilité. C’est vraiment ce qui m’habite et m’accompagne dans cette démarche : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Il ne faut pas faire n’importe quoi, ce n’est pas parce que je suis chez moi que je peux faire n’importe quoi ! Si je mets du pesticide, je donne à penser à mon voisin et quand j’arriverai devant le Seigneur, il me dira : « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Donc il y a cette idée de responsabilité réciproque. En fin de compte, c’est quand même très évangélique ; et plus on a avancé, plus c’était cohérent avec l’Evangile, au point même d’abolir toute distance ! On n’est pas « catho et écolo », on est « catho… donc écolo » ! Ça n’est pas tout de suite évident pour tout le monde. Même dans la communauté au début, ça a été un vrai chemin de conversion pour certaines, chacun va à son rythme. C’est comme toute conversion au fond : souvent le « premier jet » est bon, mais ça met un peu de temps à s’incarner après. Donc nous avons fonctionné à la cohérence, en nous disant que si ça ne marchait pas, nous ferions autre chose. Nous avons toujours été très bien aidées dans cette démarche de cohérence.

Assez vite, nous avons pris contact avec les sœurs de Solan, qui avaient dix ans d’avance sur nous, et elles ont été très sympas en nous disant : « Ecoutez, voilà tout ce qu’il ne faut pas faire et que nous avons fait ! ». (rires) Elles ne font pas exactement la même chose que nous, mais la démarche est la même. Mais nous leur avons dit dès le départ que nous voulions faire des choses très simples, avec ce qui pousse ici, sans aller chercher des plantes aux quatre coins du monde. Et les choses ont avancé petit-à-petit, elles nous ont dit de ne pas commencer par faire des champs entiers mais de tester des toutes petites surfaces pour voir où chaque plante avait sa place, etc.

Nous avons donc commencé dans le champ du haut, à côté du petit bois au romarin, rang par rang – d’autant que nous voulions travailler à la main. Nous avions tout de même travaillé un peu le sol avant, parce que la terre avait été bien abimée ; nous l’avons d’abord enherbée, bref, nous avons pris tous les bons principes ! La Chambre d’agriculture nous a bien aidé là-dessus aussi. Nous avons de la chance puisque nous sommes dans un département bien fourni en formations bio, auquel nous avons eu accès par la Chambre. Nous y sommes allées, d’une part parce que nous avions tout à apprendre, et d’autre part parce que nous ne voulions pas passer pour les petites bonnes sœurs farfelues, qui font un peu d’artisanat comme ça : nous voulions être crédibles, et donc être vraiment dans les clous – au niveau des étiquettes, de la loi, etc. Et ça, les formations nous l’ont enseigné. Parce que l’évangélisation à plus d’impact si on est crédible, sinon on est perçu comme un gentil farfelu issu de 68 qui fait n’importe quoi.

Très vite, nous avons parlé de tout ça aux amis des alentours et aux gens qui venaient à l’accueil, et nous les invitions régulièrement à venir nous aider pour les plantations ou les récoltes. Chacun peut venir quand il veut et repartir quand il veut, nous ne sommes pas dans un objectif de rentabilité : ce qu’on ne peut pas faire, on ne le fait pas. Parce qu’il faut voir qu’à côté de ça, nous avons aussi notre vie religieuse et communautaire, tout cela prend du temps, il faut jongler avec. Mais ça marche bien ! Les plantes aromatiques se plient bien à ces contraintes. Nous avons essayé de faire un potager, ce qui aurait été idéal, mais ça n’a pas marché et nous en avons eu ras-le-bol. Nous nous sommes dit que pendant deux ans, on ne parlait plus de potager, donc on verra dans deux ans si on réessaie, mais on ne peut pas tout faire en même temps. Donc des gens sont venus nous aider, et ont témoigné que ça leur faisait un bien fou ! L’alternance de travail manuel et des offices, la façon dont nous travaillons, ça leur parle.

Egalement, le but dès le départ était pour nous de faire les produits de A à Z, donc l’idée était de pouvoir installer une distillerie. Mais les seules distilleries que je connaissais était celles des alentours qui sont énormes, et nous savions très bien que nous ne ferions que de petites récoltes, d’autant que nous voulions une certaine biodiversité donc plusieurs plantes, donc que nous n’aurions jamais ce qu’il faut pour d’aussi gros matériels. Mais Pierre Rabhi nous a tout de suite dit qu’il existait de petites distilleries familiales, ce qui semblait nous correspondre. Lors de notre première récolte, nous n’avions pas grand-chose, mais petit-à-petit les quantités ont commencé à augmenter, il a donc fallu y réfléchir. Une distillerie coûte cher, nous avions donc fait une petite cagnotte qui se remplissait doucement. Un grand distillateur de la région et la Chambre d’agriculture nous ont aidées à définir ce dont nous avions besoin, et nous ont dit de prendre notre temps pour trouver ce qui nous était le mieux adapté.

Un jour, j’ai lu le bouquin d’Emmanuel Faber [actuel directeur de Danone, NDLR], Chemin de traverse : vivre l’économie autrement, où il écrit qu’il gagne des sommes indécentes, mais qu’au lieu de baisser son salaire, il préférait redistribuer cet argent. Il a donc créé une fondation pour distribuer cet argent, plutôt à de petits projets, car les grandes entreprises trouvent toujours. Bref, ça sentait l’écologie à pleins tubes ! Et vaguement l’Evangile aussi ! Donc nous avons décidé de lui écrire, en lui expliquant ce qu’on faisait, nos projets, notre désir de distillerie ; nous lui avons aussi donné l’évaluation que nous avions faite de nos besoins. Et quatre jours après, nous recevons un mail disant qu’il avait rassemblé le conseil de sa fondation et que notre projet les avait enthousiasmés. Et le mail se terminait par : « Envoyez-nous un RIB et quelques détails techniques sur ce que vous désirez ! ». Nous étions bien embêtées parce que le projet était tellement naissant que nous n’avions rien à lui donner. Nous lui avons donc demandé d’attendre un petit peu, et nous nous y sommes mis dare-dare !

En parallèle, Fabien m’avait dit qu’il se réunissait avec des amis pour réfléchir à la relation écologie-Foi. J’avais personnellement l’intuition que notre monastère pouvait être un lieu qui pouvait réunir toutes ces problématiques. Donc nous avons fusionné et je lui ai dit qu’ils pouvaient se réunir ici, parce que si nous ne pouvions pas les rejoindre, eux pouvaient venir. Il a donc battu le rappel, et a eu lieu en 2009 la première réunion de ce qui est devenu aujourd’hui Oeko-Logia. Il y avait plein de gens, de tous les domaines, dont deux personnes qui avaient déjà construit une petite distillerie ! C’est donc ces deux personnes qui ont conçu et réalisé sur mesure la nôtre, avec sœur Marie-Madeleine qui est ingénieure. La Chambre d’agriculture nous a elle beaucoup aidé pour faire notre cahier des charges.

Mais pendant ce temps-là, les devis grimpaient, et c’était bien plus cher que ce que nous avions dit à Monsieur Faber… Comme il s’était tout de même engagé pour la somme de départ, nous nous sommes dit que nous aurions déjà ça et que nous attendrions d’avoir complété avec notre cagnotte. Mais il a été très sympa, il a attendu jusqu’au bout et il a tout payé !

Grâce à tout ça, nous sommes aujourd’hui autonomes pour la production ! Bien sûr, la première fois, nous avons acheté nos plants, mais maintenant nous les bouturons nous-même, donc ce n’est pas pollué.

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Distillerie

Donc aujourd’hui, vous n’achetez plus de plants du tout ?

Non ! Enfin, vraiment exceptionnellement. Lorsque nous voulons lancer une nouvelle plante, mais c’est rare maintenant.

Ce qui est bien également, c’est qu’il y a une école pas loin d’ici pour les gens qui veulent faire des plantes aromatiques, qui nous fournissent de temps en temps des stagiaires. La première année, nous ne le sentions pas trop, parce que nous débutions, mais petit-à-petit nous avons décidé d’en prendre régulièrement.

Monsieur Faber, pour revenir à lui, ne pouvais nous donner de l’argent que si nous avions un statut légal, autre que religieux. Nous avons donc créé une association pour la distillerie, « Terre et Senteurs de la Clarté ». Dans les statuts, il y a un paragraphe social, qui dit que quand nous aurons besoin de main-d’œuvre, nous ne ferons appel qu’à des associations de réinsertion. C’est donc ce que nous avons fait ! Actuellement, nous fonctionnons avec une association pour les personnes handicapées et une association de réinsertion. C’est une idée que nous avions depuis longtemps, et que nous aimerions élargir pourquoi pas aux prisonniers ou aux personnes droguées. C’est un peu compliqué, mais nous n’avons pas abandonné l’idée. Nous avons donc aussi une dimension sociale, d’aide aux plus pauvres finalement. Tout est lié !

Concrètement, que proposez-vous comme produits aujourd’hui ?

Nous avons des plantes séchées, des huiles essentielles, de l’hydrolat et des gelées. Les plantes que nous faisons pousser sont le romarin, le thym, la lavande, la sarriette des montagnes, l’origan… Celles-ci sont celles qui ne demandent pas d’eau. Pour celles qui en demandent, nous les avons plantées plus proches des bâtiments parce que c’est là que nous avons les puits : la verveine, la camomille, la mélisse, la menthe – qui nous a complètement débordées, l’hysope et la rue – j’en voulais puisque ce sont des plantes de la Bible. Nous avons également planté des rosiers à parfum. Alors, avant qu’on en ait suffisamment pour faire de l’eau de rose, ça prend un certain temps, mais du coup nous en faisons de la gelée. Egalement, nous nous servons de ce qui pousse à l’état sauvage, donc les coquelicots et les violettes. Nous avons également du genévrier et du laurier, mais nous ne nous sommes pas encore penchées dessus, c’est dans les projets.

Etes-vous également dans une démarche écologique au niveau de la restauration des bâtiments et de l’énergie ?

Oui ! Il a été évident assez vite que notre démarche ne s’arrêtait pas à la plantation, mais devait jouer sur notre comportement et notre façon de gérer la vie quotidienne. Et je pense que cette conversion écologique a aussi changé quelque chose dans notre vie fraternelle, notamment dans l’attention à l’autre, même si nous ne nous en rendons pas forcément compte.

Sûrement aussi le fait de travailler toutes ensemble sur ce projet.

Oui, parce qu’il y a celles qui peuvent aller au jardin et celles qui ne peuvent pas, et celles-ci s’occupent alors du conditionnement et sont parties prenantes dans cette démarche. Quand il y a des commandes, nous sommes dépendantes de leur travail ! Donc déjà humainement, ça a fait quelque chose, dans la mesure aussi où ça nous a fait approfondir notre vie évangélique, plus en douceur aussi : quand on traite la terre avec douceur, on traite sa sœur avec douceur.

Au quotidien, nous essayons de supprimer les produits chimiques. En fait, la première chose que nous avons réfléchi, quand nous avons vues que notre potager ne fonctionnait pas, c’est le côté alimentation. Nous avons commencé par la farine et les œufs, et aujourd’hui tout ce que l’on mange est produit localement et si possible écologiquement, sauf pour ce qu’on ne trouve pas ici où l’on achète « commerce équitable ». On marche à la cohérence !

Là où nous sommes encore assez en peine, et ce sur quoi on travaille aujourd’hui, ce sont les produits d’entretien. Mais petit-à-petit, on y arrive. Par exemple, on s’est rendu compte que le romarin est anticalcaire ! Au moment de la grippe, on ne désinfecte plus à l’eau de Javel mais à l’hydrolat de romarin. Nous avons encore à progresser, mais finalement c’est bien parce que je pense – et pour des dominicains, ça parle – qu’il ne faut pas être cathare : on ne peut pas être des purs comme ça, tout de suite et à cent pour cent ! Il faut accepter que ça prenne du temps, et ça nous apprend l’humilité. On y tend, mais il faut accepter de prendre le temps.

Ce qui est très chouette dans les milieux écolos, ce sont les réseaux ! Cela nous permet, pour ce que nous ne pouvons pas faire nous-même, de fonctionner par l’échange, produit contre produit. Avec sœur Marie-Madeleine, nous réfléchissons actuellement à la question de la monnaie locale…

En existe-t-il déjà une ? Ou voulez-vous la créer ?

Il n’y en a pas… Enfin si, il paraît qu’il en existe une à Die, il faut que nous les contactions pour voir un peu. Affaire à suivre !

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Vue sur le monastère

Votre démarche de conversion écologique a-t-elle des incidences sur les personnes qui vous côtoient ?

Oui, on voit bien que ça fait évoluer les choses, même avec les artisans ou les fournisseurs qui travaillent pour nous. Le gars qui s’occupe de la livraison et de la maintenance du matériel agricole, par exemple, a maintenant un petit champ de lavande qu’il cultive en bio. Ils ont été très respectueux dès le départ, mais ils restaient sur leurs méthodes. Mais petit-à-petit, tout ça bouge ! On voit aussi dans les champs des agriculteurs voisins, qui sont des amis, que c’est maintenant enherbé entre les vignes. Mine de rien, c’est que ça fait son chemin !

Et pour revenir sur l’aspect énergétique ?

Ah oui voilà ! Il s’est trouvé qu’au moment où nous avons commencé le jardin, nous faisions des travaux de réhabilitation pour notre bâtiment d’accueil en essayant que ce soit le plus respectueux possible de l’environnement. Alors nous n’avons pas réussi autant que nous le voulions, parce que le fait que ce soit un bâtiment d’accueil nous impose des normes hallucinantes. Je voulais que toute l’isolation soit en chanvre, par exemple ; finalement, seule une partie l’est. Et puis il fallait que le chauffage soit refait également, parce qu’il était un peu naze. Nous avons étudié plusieurs options, dont la géothermie, puis nous avons opté pour le bois. Nous avions d’abord prévu de ne faire ça que pour l’accueil, mais en étudiant les devis et les plans, on nous a dit que c’était disproportionné et que ce ne serait rentable que si nous le faisions pour tous les bâtiments. C’est donc ce que nous avons fait ! Ça nous a retardé d’un an, mais valait la peine. Nous sommes donc chauffées au bois, et c’est un gars du coin qui nous le fournit.

C’est du bois déchiqueté ?

Oui, c’est ça. Il y a une bonne filière dans la Drôme. Nous avons opté pour cette option parce que nous avons considéré de vu la taille des bâtiments, nous ne pouvions pas nous permettre d’installer des poêles à bois dans toutes les pièces et de nous chauffer à la bûche. Egalement parce que le petit bout de forêt sur nos terres ne nous permettrait pas d’avoir suffisamment de bois.

Après cela, nous avons installé des panneaux solaires sur les petites serres du jardin pour l’eau chaude de l’accueil et nous avons reçu les permis de construire pour réaliser l’été prochain un hangar agricole pour ranger notre matériel qui est éparpillé partout, ainsi que pour centraliser toute la transformation des plantes (séchage, distillerie, conditionnement, etc.). La providence aillant encore bien fait les choses, nous avons un immense grenier où il y avait déjà des claies qui nous permettent de faire sécher les plantes. Lors d’une formation, nous avons appris que ce qui fait un bon séchage, c’est la circulation de l’air. Or il y a dans ce grenier des fenêtres des deux côtés, donc nous avons positionné les claies face aux fenêtres, et un gars qui s’occupe de l’approvisionnement en plantes pour Boiron nous a dit qu’elles étaient magnifiquement séchées ! Mais bon, ça fait quand même des allers-retours compliqués pour monter et descendre les plantes, donc nous installerons ça également dans ce hangar.

Pour l’eau, nous avons un forage. Ce qui nous permet d’arroser, parce que nous ne pourrions pas payer si c’était de l’eau acheminée jusqu’ici.

Comment trouvez-vous l’équilibre entre tradition et modernité ? Je pense par exemple au tracteur et aux différentes machines.

Pour moi, c’est une question de bon sens.

Prenons l’exemple du tracteur : nous n’avons acheté que des tracteurs en occasion et très mécaniques. Au départ, nous avons demandé conseil au paysan qui cultive du lavandin sur certaines de nos terres, et il nous avait fait acheté du matériel disproportionné. Sûrement pas par mauvaise volonté, simplement parce qu’il nous a conseillé ce qu’il faisait pour lui, qui a de bien plus grandes surfaces. Donc petit-à-petit, nous sommes revenus à des choses plus simples, qui nous correspondent mieux. Mais nous essayons de travailler au maximum à la main, avec des outils manuels très simples comme la grelinette.

Je dirais qu’il s’agit d’un équilibre propre à chaque lieu et à chaque activité. Tant que c’est possible, nous essayons de travailler avec le moins de matériel possible, mais il y a un principe de réalité ! La nôtre est que le travail de la terre, aussi important qu’il soit, ne doit pas nous empêcher de répondre à notre vocation profonde, qui est la prière. Cela doit jouer aussi sur l’échelle de notre activité : ne pas augmenter l’activité si jamais cela nous empêche de prier, ou si cela nous oblige à prendre des moyens techniques contraires à nos idéaux.

Justement, comment s’organise votre vie de prière ?

Elle se partage en temps d’offices communautaires – prière de l’Eglise – et en temps de prière personnelle. Nous avons également des temps d’étude, qui sont également là pour nourrir notre vie de foi. Cela prend un certain temps dans une journée, et c’est prioritaire !

Fonctionnez-vous comme dans la règle de Saint-Benoît, avec ce que l’on appelle la règle des « trois huit » (huit heures de prière, huit heures de travail et huit heures de repos, NDLR) ?

Un petit peu. Nous avons les laudes le matin, un temps de prière personnelle, la Messe, un petit office à midi, les vêpres le soir et à nouveau un temps de prière personnelle.

Vous en avez déjà dit quelques mots, mais quel lien y a-t-il entre spiritualité et écologie ?

Ce n’est même pas un lien, c’est une fusion ! La Création est un don de Dieu et doit être reconnue comme telle. Nous n’en sommes que les gérants, et nous nous efforçons d’en être de bons gérants.

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Plantes aromatiques

Votre exemple a-t-il des influences sur le reste du monde catholique ?

Oui, lentement mais sûrement ! Ça a été un peu pénible au début, parce que nous avons été un des premiers monastères à faire cette démarche, et cela s’est su donc nous avons été énormément sollicitées. Nous avons toujours essayé de répondre positivement alors que ce n’est pas vraiment notre truc, dans la vie monastique, d’aller parler ailleurs. Mais nous l’avons fait, pour l’Eglise et pour le Christ, parce qu’il n’y avait personne d’autre. Je suis par exemple allée plusieurs fois aux Assises Chrétiennes de l’Ecologie pour animer des petits ateliers. Au fur et à mesure des années, il y avait de plus en plus de personnes, donc nous n’étions plus les seules à intervenir, mais nous l’avons fait volontiers dans l’idée de faire connaître et de faire savoir que c’était une façon de répondre au Christ, car c’est au nom du Christ que nous le faisons.

Qu’a changé la publication de Laudato Si’ dans tout ça ?

Oh ! Quel soulagement ! Mon Dieu ! « Du fardeau j’ai déchargé son épaule », c’était ça ! Parce qu’avant, il fallait tout le temps rendre compte : « Pourquoi vous faites ça ? ». J’avais envie de répondre : « Et pourquoi vous êtes mariés ? » (rires) Ça m’énervait ! Alors bien sûr, nous nous efforcions de répondre toujours gentiment, mais être perpétuellement obligées de se justifier, c’était épuisant. C’était pour la bonne cause, nous y croyions vraiment, mais nous ramions ! Nous étions sûres de ramer dans le bon sens, mais le bon sens était à contre-courant.

Alors quand Laudato Si’ est arrivée, ça a été pour moi, physiquement et moralement, un véritable soulagement. Nous n’avions plus à nous justifier, il suffisait de répondre : « Lisez Laudato Si’, le pape y dit tout ce qu’on fait ! ». (rires)

Bien sûr, les papes en avaient déjà parlé, surtout depuis Paul VI, mais ce n’était pas connu. C’était un peu anecdotique. Là, l’Eglise s’est positionnée très clairement, parce que ce n’est pas rien une encyclique ! Nous l’attendions depuis longtemps, mais nous imaginions une vingtaine de pages, alors quand nous avons vu ce que c’était, le nombre de pages, tous les sujets abordés… C’était des sujets que nous connaissions, qui faisaient partie de nos réflexions avec Oeko-Logia ; quand nous avons vu que l’Eglise nous soutenait dans toutes nos conclusions, quel soulagement ! Nous ne sommes plus les pionniers, nous suivons l’Eglise !

Vous parlez de « fusion entre la foi et l’écologie », comment expliquer alors que ça ne l’ait pas toujours été pour les cathos ?

C’est une grande question ! Je pense tout simplement que c’est la nature humaine blessée par le péché originel. C’est comme pour tous les sujets finalement : nous avons dans l’enseignement du Christ et de l’Eglise un guide infaillible, alors pourquoi ?

Je crois que c’est saint Paul qui dit : « Quand on agit et qu’on ne sait pas, c’est dommage. Mais quand on agit alors que l’on sait, c’est criminel. ».

Quel regard portez-vous sur nos sociétés modernes – peut-être particulièrement occidentales ?

J’ai beaucoup de compassion, parce que vraiment, on patauge dans la vase, il n’y a plus rien pour se retenir. C’est une période très… je dirais presque obscurantiste. Bon, avec l’espoir que… On ne vit que par périodes, donc après ça, il y aura sûrement une période de lumière et d’évidence. Mais là, on vit quand même dans un bazar pas possible.

C’est probablement surtout dû à l’individualisme, et c’est aussi là que l’écologie à quelque chose à montrer : la nature n’est pas individuelle. Et là, je trouve que les écolos, même ceux qui ne sont pas chrétiens, ont déjà toutes les racines en eux. S’ils retrouvent ça d’eux-mêmes, ça veut bien dire que c’est inscrit quelque part dans la loi naturelle.

Il ne s’agit pas de se mettre à genoux devant Gaïa, mais je dis souvent que les religieux sont privilégiés quand ils font de l’agriculture parce qu’ils ont l’habitude de se mettre à genoux. (rires) On se met à genoux devant le don de Dieu, qu’il soit au tabernacle ou dans le champ ! Je crois que la terre, comme don de Dieu, vaut la peine que l’on se mette à genoux.

Quelles relations avez-vous avec les autres églises ou traditions religieuses ?

Déjà, en tant que moniales dominicaines, nous sommes fédérées avec les autres monastères dominicains. Mine de rien, c’est aussi là que nous avons eu notre impact au début, parce que nous étions vraiment les seules dans la fédération. Mais grâce à l’esprit fraternel très marqué des dominicains, ils ne nous chambraient que très gentiment ! (rires) Maintenant, plusieurs monastères se sont remis au jardin, en bio !

Nous connaissons très peu les protestants, mais nous avons fait la connaissance du monastère de Pomeyrol il y a deux ans. C’était lors de la semaine pour l’unité des chrétiens : lors des offices étaient organisées des quêtes dont l’argent serait redistribué pour aider des communautés monastiques féminines engagées dans l’écologie, parmi lesquelles nous avions été sélectionnées avec le monastère orthodoxe de Solan et le monastère protestant de Pomeyrol. C’était un très beau moment, l’émission « Le Jour du Seigneur » était présente et en a fait un beau film. Nous avons également quelques rapports avec une petite communauté de diaconesses protestantes en Ardèche. Là encore, l’écologie est le lieu de belles rencontres !

Nous n’avons pas de liens particuliers avec les juifs ou les musulmans, je ne sais pas trop où ils en sont avec l’écologie. Je sais que dans un village voisin, le curé a de bons rapports avec l’imam, j’aimerais beaucoup qu’on puisse le rencontrer, c’est dans les projets !

Quelles sont vos relations avec le monde paysan et écolo ?

Beaucoup d’écolos non cathos sont passés au monastère depuis le début de cette aventure, c’est extrêmement riche ! Nous faisons la même chose, ils sont souvent plus avancés que nous puisqu’ils le font depuis plus longtemps, mais le fait que nous le fassions au nom de Jésus-Christ les interroge beaucoup.

Et ça ne les rebute pas ?

Non. Quand nous avons fait la formation pour la distillation, c’était trop drôle ! C’était un petit groupe de douze personnes, et nous étions les deux seules femmes, habillées en plus en bonnes sœurs ! Et ça s’est admirablement bien passé. Ils commencent par ouvrir grand les yeux, puis ils acceptent. Et puis malgré tout, modestement, nous faisons nos preuves, puisque ça marche pas trop mal.

Vous dites qu’ils acceptent, cela peut-il aller plus loin ?

Alors voilà, c’est-à-dire qu’on se trouve avec le côté spiritualisant de notre temps, on est dans les énergies, on ne sait plus très bien où. Eux s’y retrouvent, et ils font souvent des liens, en disant qu’en fin de compte c’est à peu près pareil. Bon d’accord…

Disons en tout cas qu’il y a des aspirations communes.

Voilà, mais bon, nous unissons nous une soif de spiritualité au fait que nous ne sommes pas les maîtres.

Je ressens en tout cas très fort cette soif de spiritualité dans le milieu écolo.

Tout-à-fait ! Et c’est tout de même du bon terreau, à mon avis, pour pouvoir entendre l’incarnation ensuite.

Nous accueillons donc très volontiers ce genre de personnes, que nous rencontrons aux journées de formations. Et puis nous partageons plein de choses, nous avons énormément de principes en commun.

Et nous avons également beaucoup à apprendre d’eux !

Oh oui ! Tout-à-fait !

Que diriez-vous à des jeunes qui hésitent à faire le pas de la sobriété heureuse ?

Je leur dirais que s’ils hésitent, c’est qu’ils l’ont déjà en eux quelque part. Donc j’aurais envie de leur dire de se respecter eux-mêmes, en fin de compte ! Parce que je pense que dans tout ce que vivent les jeunes aujourd’hui, dans leurs paradis artificiels, il y a au fond une forte dépréciation d’eux-mêmes, une forme de pessimisme qu’on cherche à effacer par tous les moyens, sauf peut-être les bons : vous êtes enfants de Dieu, et parce que vous êtes à sa ressemblance, vous êtes beaux et grands ! Qu’ils soient donc dans une démarche de vérité et de cohérence, donc de respect.

Et puis on se fait porter une charge qui est insoutenable, en croyant être son propre maître. Non, on n’est pas son propre maître, où alors on devient un tyran et on n’est pas plus heureux pour autant.

Je les appellerais donc à la grandeur de l’Homme, qui appelle à la grandeur de Dieu.

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Vue sur le Vercors

 

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